Autour du label, des propriétaires mobilisés pour protéger la biodiversité

Jeudi 29 juin, la Fondation François Sommer, l’OFB, la fédération Nationale des Chasseurs et European Landowners’ Organization ont organisé à Bouchemaine (maine-et-Loire) les 2ndes Rencontres nationales du Label Territoires de faune sauvage.

 Face à l’effondrement de la biodiversité, les propriétaires agissent et l’ont fait savoir lors des Rencontres nationales 2023 du label Territoires de faune sauvage, à Bouchemaine dans le Maine-et-Loire. Une soixantaine de personnes (propriétaires, acteurs publics, journalistes…) étaient présentes pour cette journée.

L’objectif ? Fédérer et mettre en valeur les actions des propriétaires pour la biodiversité. « Le label Territoires de faune sauvage défend une vision humaniste et positive de l’écologie où l’Homme doit être acteur de la gestion et de la préservation des espaces naturels », a rappelé Alban de Loisy, directeur général de la Fondation François Sommer, lors des rencontres.

 

 Crédit photo : Fondation François Sommer.  

Créé en 2005, le label européen « Territoires de faune sauvage » met en lumière les propriétaires fonciers qui conjuguent avec brio activités socio-économiques et conservation de la nature. Ce label représente aujourd’hui près de 2 millions d’hectares et 470 territoires labellisés à l’échelle européenne, dont 45 territoires en France (20 agricoles, 9 forestiers, 15 zones humides et 1 montagnard).

En France, la dynamique du label est forte : près de 22 territoires labellisés ces 18 derniers mois« D’ici à fin 2025, nous visons les 100 territoires labellisés et, pourquoi pas au regard des nombreuses candidatures que nous recevons, les 200 territoires ! » a affirmé Alexandre Chavey, coordinateur du label à la Fondation François Sommer. 25 candidatures sont également en cours d’examen. Dans l’Hexagone, ces territoires sont à 84% des propriétaires privés (individuels ou collectifs). La surface médiane est de 140 hectares. 50% des territoires comptent entre 50 et 400 hectares.

 Crédit photo : Fondation François Sommer.  

Les Rencontres ont permis de remettre, en main propre, leur diplôme à 8 nouveaux propriétaires :

  1. James Guérin, Domaine de Verlande (133 ha, Loire-Atlantique). En vidéo.
  2. Pierre Mercier de Beaurouvre, ferme de la Rangottière (42 ha, Sarthe).
  3. Sophie Desgrippes, Domaine des Etangs (192 ha, Mayenne). Infos.
  4. Pierre Bouteiller, GAEC Ker Even (83 ha, Finistère). Infos.
  5. Marc Loriot, Fédération des chasseurs de Vendée, La Borderie du marais (69 ha, Vendée). Infos.
  6. Paul Begein, Domaine de La Pie Garreau (58 ha, Maine-et-Loire). Infos
  7. Rémy de Féraudy, Le Verger des Courtils (84 ha, Sarthe). Infos.
  8. Matthieu Barthélémy, Groupement forestier de la Forêt d’Epernay (993 ha, Marne). Infos. 

Avec les représentants des 4 partenaires du label

« En France, la Fondation François Sommer s’investit dans le label Territoires de faune sauvage depuis l’origine et souhaite continuer pour quatre raisons. Premièrement, ce label valorise le propriétaire privé, qui détient près de 80% des territoires en France, et sa connaissance de son territoire que bien souvent il gère directement. Deuxièmement, ce label reconnaît que le développement d’activités socio-économiques sur un territoire n’est pas antinomique avec la conservation de la nature. Troisièmement, il réunit trois acteurs et partenaires majeurs au service de l’environnement en France : l’Office Français de la Biodiversité, la Fédération nationale des chasseurs et la Fondation François Sommer dans une relation partenariale et d’accompagnement avec le propriétaire privé. C’est ce qui fait sa force. Enfin, Il permet aux propriétaires d’apporter des réponses aux conflits entre les différents usagers de la nature. Il résorbe les tensions en mettant autour de la table toutes les parties prenantes, en proposant une mise en réseau, un partage entre pairs et une valorisation des actions menées en faveur de la nature. »
Alban de Loisy
Directeur général de la Fondation François Sommer.
« Le label Territoires de faune – Wildlife Estate souligne le rôle fondamental des propriétaires pour protéger la biodiversité. Au niveau européen et national, la nature et sa protection sont des sujets brûlants, passant par les règles concernant l'absorption du carbone, la restauration de la nature, la stratégie de gestion des forêts ou encore la nouvelle stratégie de biodiversité. Ce label permet de montrer, au niveau européen, ce qui est déjà mis en place par certains propriétaires, de manière volontaire. Ce qui est fantastique, c’est que les propriétaires labellisés ont déjà des pratiques favorables au développement de la biodiversité et peuvent servir d’exemple. Ils ont déjà pris le pli de l’avenir ! »
Pauline Pirlot
Chargée d'affaire, forêt et développement rural chez European Landowners'Organization (ELO).
« L’Office Français de la Biodiversité s’engage pleinement pour soutenir le label Territoires de faune sauvage aux côtés de ses partenaires, avec des objectifs ambitieux fixés collectivement. Ce label répond aux grandes orientations pour la biodiversité de l’OFB : faire coexister les activités humaines tout en protégeant la nature, mettre en avant des solutions concrètes, faire adhérer l’ensemble de la société aux enjeux environnementaux ou encore trouver des voix intermédiaires à la protection forte (stratégie nationale des aires protégées). Cette dernière - Parcs nationaux, parcs régionaux, réserves… - ne vaut que pour une partie du territoire. Le label veut fédérer le reste : c’est-à-dire, la grande majorité, les propriétaires privés. C’est un enjeu majeur pour aujourd’hui et demain. »
François Omnes
Chef de service usages et gestion de la biodiversité à l’Office français de la biodiversité (OFB).
« Le label Territoires de faune sauvage, c’est la reconnaissance de la place de l’Homme dans et pour la nature. Les chasseurs sont au cœur de cette nature. Ils veulent la préserver pour continuer à en profiter. Au nom de la Fédération nationale des chasseurs, je réitère notre engagement pour déployer ce label partout en France. Dans les Pays de la Loire plus particulièrement, ma région, nous sommes parmi les plus actifs avec plus de 12 territoires labellisés. Cela n’aurait pas été possible sans le dispositif de l’écocontribution qui nous a permis de recruter des chargés de mission notamment pour identifier, accompagner et labelliser ces territoires. Avec des emplois pérennes à la clé ! Nous devons faire mieux encore ces prochaines années. »
Philippe Justeau
Président de la Fédération régionale des chasseurs des Pays de la Loire.

En présence de Roland Marion, conseiller régional des Pays de la Loire, délégué à la Transition écologique et énergétique. Crédit photo : Fondation François Sommer.  

Table ronde : quel rôle pour les propriétaires fonciers dans la préservation de la biodiversité ?​

Une table ronde animée par Laurent Courbois. 

De gauche  à droite : Charles Claron, Hugues de la Celle et Laure Debeir.

Les propriétaires privés détiennent 75% des forêts en France, plus encore dans les plaines agricoles. Le défi de l’érosion de la diversité biologique ne pourra être relevé sans eux. Animée par Laurent Courbois, directeur du Pôle nature à la Fondation François Sommer, cette table ronde a tenté d’apporter une lecture à l’engagement des propriétaires : quelles sont leurs motivations ? Quels sont les leviers réglementaires et affectifs qui emportent leurs choix ? Quelle est leur légitimité à agir ? Quelles contradictions entre propriété privé et bien commun ? Comment intégrer leurs actions dans les politiques publiques ? Extraits : 

« La Convention pour la diversité biologique stipule, dans sa cible 3, que pour améliorer la conservation de la biodiversité, les réseaux d’aires protégées sont bien sûr indispensables, et qu’en parallèle, il faut valoriser et reconnaître les autres mesures de conservation efficaces par zone. Ce sont les AMCEZ. C’est cette idée d’intégrer les communautés locales et les citoyens dans la gestion, de les responsabiliser et de reconnaître leurs actions qui est ainsi véhiculée. La France a aujourd’hui déjà dépassé l’objectif international fixé de 30% d’aires protégées sur son territoire (33%). L’objectif est aujourd’hui de renforcer l’existant et d’améliorer les résultats de conservation au sein de ce réseau. Il est toutefois indispensable de mieux impliquer les acteurs qui contribuent à la conservation de la nature et qui ne figurent pas aujourd’hui dans cette proportion, et de leur proposer un processus de reconnaissance formel. Ce label y contribue au niveau local et national. »
Laure Debeir
chargée de programme Aires protégées au Comité français de l’Union Internationale pour la conservation de la Nature (UICN).
« La France compte aujourd’hui près de 4 millions de propriétaires privés ruraux, avec une moyenne de 7 hectares par personne. La tendance aujourd’hui est à un rajeunissement, via les successions à de nouveaux propriétaires plus urbains et plus éloignés de la ruralité. Nous sommes en train de passer de la vision statique ‘’je suis chez moi, je fais ce que je veux’’ à la démarche plus dynamique de la contribution individuelle au bien commun : responsable et gestionnaire de son territoire, la propriété privée est un acteur essentiel pour le maintien de la biodiversité et des multiples fonctions de l’espace rural dans l’intérêt des générations futures. »
Hugues de la Celle
Vice-Président de la Fédération Nationale de la Propriété Privée Rurale.
« Le label Territoires de faune sauvage s'inscrit dans une dynamique de préservation des terres privées relativement récente en France mais bien développée dans les pays anglosaxons. Son principal avantage tient à la force de l'action collective qui permet de valoriser les initiatives individuelles, de les mettre en réseau et d'organiser un partage des connaissances pour aider les propriétaires dans leurs démarches d'amélioration. Ce label peut susciter l’engagement et l’envie de devenir un meilleur administrateur du patrimoine naturel de son territoire ».
Charles Claron
Doctorant en économie écologique (CIRED & LATTS).

Visite de terrain au domaine de la Pie Garreau​

L’après-midi, les participants ont visité le domaine de la Pie Garreau (commune de La Plaine). Un territoire de 58 hectares, récemment labellisé et engagé pour la biodiversité ! En savoir plus sur ce domaine.

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